La peur chez le chien est difficilement gérable quand cela devient excessif. Sursauts réguliers, aboiements excessifs, réactivité, fuite… voilà les désagréments que nous pouvons retrouver chez un chien qui a peur.
Pourquoi mon chien a peur ?
Le chien, comme l’être humain, est un être vivant éprouvant des émotions. La peur en fait partie. Chez certains, être craintif est un trait de caractère lié à la génétique. C’est inscrit en lui, il est né peureux. Cependant, nous pouvons naitre avec la variable « crainte » s’en pour autant que cela devienne ingérable.
Les facteurs environnementaux dans le développement du chien vont avoir un impact sur sa capacité à gérer ses peurs.
La mauvaise gestion de la socialisation est l’une des premières causes de l’augmentation de la crainte chez le chien.
La socialisation débute dès les premières semaines de vie du chiot, c’est la période durant laquelle le chiot apprend à vivre avec son environnement et à acquérir les codes canins. C’est une période cruciale qui lui permet de découvrir et gérer ses premières émotions vis-à-vis de divers stimuli alors inconnus pour lui. Durant toute cette période le chiot associe les évènements avec son propre état émotionnel. Il est impératif en tant que guide pour notre chiot, d’être progressif et de réaliser des rencontres de qualité avec divers éléments qu’il pourra rencontrer dans sa vie (chiens, situations, objets etc...)
Le manque de socialisation va engendrer beaucoup d’inconnus pour le chien. Il ne saura pas faire, car il n’aura pas rencontré. Un chien craintif va alors se renfermer dans ses émotions négatives et se renforcer dans ses craintes.
La sur-socialisation va sensibiliser le chien craintif aux différents stimuli et par conséquent renforcer également ses craintes. La sur-socialisation consiste à confronter le chien régulièrement à des stimuli en se disant que « plus il vivra la situation, mieux il se portera ». Pour un chiot craintif, c’est la fausse bonne idée. Faire vivre à un chien naturellement anxieux des situations stressantes sans lui apprendre à gérer ses émotions est le meilleur moyen de renforcer son stress et ses peurs.
Le chien fonctionne sur un apprentissage associatif, si la situation qu’il vit est néfaste pour lui, il retiendra que ce n’était pas un bon moment ! Alors, plus vous allez lui faire vivre, plus vous allez le sensibiliser.
Si vous êtes progressifs et à l’écoute de votre chiot durant sa période de socialisation, alors son caractère craintif sera limité et beaucoup plus gérable une fois adulte.
La peur peut également provenir à des associations négatives entre une situation et une conséquence vécue par le chien. Douleur durant une rencontre avec un chien, une attaque par un autre chien, douleur engendré par l’humain, par le harnais… Nous pouvons alors parler d’évènement traumatique.
Renforcer la relation avec son chien
L’objectif quand nous avons un chien peureux est de lui donner confiance en lui et en son environnement. S’il a confiance en lui, il pourra mieux gérer les situations stressantes car il saura comment procéder et se sentira capable de faire. C’est aussi la base de l’éducation avec un chiot, donner un cadre rassurant et sécurisant.
La première chose qui peut l’aider à avoir confiance, c’est la relation qu’il entretient avec son maitre. Dites vous qu’il y a un effet Ping Pong entre votre chien et vous :
- Le chien voit quelque chose qui lui fait peur
- Il se réfère à lui en premier « comment je suis »
- Il se réfère ensuite à vous « comment est mon maitre »
- S’il n’a pas de réponses qu’il juge rassurantes, il se calera sur son émotivité propre.
Quand il y a un manque de relation, il n’y a pas cet effet de Ping Pong. Le chien ne calcule pas son humain, il se réfère directement à lui.
La création de la relation part de toutes les bases éducatives du chien. Les ordres de base (assis, couché, pas bouger…), la gestion de la solitude, l’apprentissage du calme, l’autonomie, la marche en laisse, l’habituation, le focus, et j’en passe. Tout ce qui permet au chien de vivre dans un cadre équilibré renforce la relation avec son humain, car c’est vous qui lui apportez ce cadre et lui combler ses besoins.
Apprendre des tours, des « tricks » à votre chien lui permettra aussi de gagner en confiance en lui. Il se sentira de plus en plus à l’aise avec son corps et ses émotions et cela renforcera également la relation qu’il a avec vous.
Plus vous lui proposerez des choses funs, plus vous deviendrez un élément de motivation pour lui. Et alors, un chien craintif se réfèrera plus facilement à vous dans les situations stressantes.
Mais attention, ce n’est pas parce que Toutou a apprit à tourner sur lui-même, qu’il est prêt à affronter le monde extérieur si terrifiant pour lui ou l’aspirateur mangeur de coussinet.
L’étape de la désensibilisation
La désensibilisation est un processus qui permet de rendre le signal stressant en signal neutre pour votre chien. Le but est que l’élément qui inquiète votre chien devienne quelque chose qui l’indiffère.
Attention, la désensibilisation est différente de l’habituation. Ceci est un mode d’apprentissage qui consiste à confronter le chien à un stimuli de façon continu pour qu’il s’habitue (le bruit de la télévision par exemple que nous allons mettre très bas au début et augmenter petit à petit).
Ce qui sera récompensé durant la désensibilisation est l’intérêt qu’aura le chien vers le signal sans déclenchement de sa part (grognement, excitation, mouvements brusques, aboiement etc…) Si le chien déclenche, c’est que vous êtes encore trop près de la source de stress ou que le bruit est trop fort. Il faudra alors prendre encore plus de distance et/ou réduire le stimuli ! Plus ça va, plus vous allez vous rapprocher. Le curseur sera les réactions de votre chien. Les distractions sont aussi à prendre en compte, il est essentiel de commencer par de petits critères de travail et de les augmenter indépendamment petit à petit. Si vous rajoutez une distraction, vous repartez sur une grande distance. Prenez le temps de…
Prenez le temps et changez vos habitudes
Si un lieu est trop fréquentée par votre chien et qu'il a été trop associé à quelque chose de négatif, alors votre chien appréhendera avant même d'y être. Variez les endroits de balades, évitez les sources de déclenchement pour que votre chien associe le lieu de balade à quelque chose de positifs.
Faites des pauses dans votre apprentissage. Pas trop longues, mais parfois certains chiens ont besoin de digérer ce qu'ils ont apprit. Faire une pause de 24 ou 48h peut être bénéfiques.
Ne soyez pas trop exigeant envers votre chien. Il doit apprendre, vous apprenez sans doute avec lui. Commencez petit, donnez lui confiance, plus il aura confiance en vous, plus il aura confiance en lui et pourra surmonter ses émotions.
La gestion de la crainte est un travail global sur la gestion émotionnel et l'éducation. Si les bases éducatives sont comprises par le chien, cela lui créer un espace sécurisant mais à vous aussi ! Car si la situation vous dépasse vous pouvez vous y réfugier.
Les zones émotionnelles chez le chien
Les chiens comme de nombreux être vivants, ont trois zones émotionnelles. Rouge, orange, verte.
En zone verte, le chien est dans un espace sécurisant. Il peut être apprenant. Il est en confiance. Les premiers exercices doivent se faire dans cette zone là impérativement. C'est ce qui lui donnera confiance.
En zone orange, le chien monte un peu en émotion, il n’est pas aussi à l’aise qu’en zone verte, mais il est encore dans un stade d’apprentissage. Il est parfois nécessaire de passer légèrement par cette zone pour le confronter à des émotions négatives et lui apprendre à les gérer. Mais le plus important est d’agrandir la zone verte afin de limiter les passages en zone orange.
En zone rouge, alerte générale. Le chien n’apprend plus. Il est dans un stress émotionnel trop intense et fort. Nous ne devons pas y aller car rien n’est bénéfique pour le chien. Quand nous travaillons à la friandise, la non prise de cette dernière par le chien est un bon indicateur pour dire qu’il est dans sa zone rouge.
Tout ceci est évidemment théorique. Le travail d’un chien craintif demande rigueur, patience mais aussi accompagnement. Vous pouvez appréhender autant que lui les situations stressantes. Alors n’hésitez pas à demander de l’aide par le biais d’un professionnel. Respectez aussi votre propre état émotionnel.
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